L’atelier de peinture
Espace clos, l’atelier n’est aménagé que pour peindre. Par sa disposition, et l’atmosphère qui lui est propre, il permet que surgissent les Tracés de l’Expression.
“Il y a une activité, […] une ambiance qui circule ; c’est un peu spécial. Mais quand surgit l’Expression, on est… satisfait, tout simplement satisfait. Quand c’est le moment de l’Expression, le moment du jaillissement, il y a quelque chose d’intense en nous qui surgit. On a un besoin, et il faut l’exprimer, le pousser dehors. On le trace, et ensuite, on est satisfait. On n’a pas besoin de montrer ce qu’on a fait, et même, au fur et à mesure, on le comprendra bien, on est extrêmement satisfait que nos tracés restent à l’atelier. Aucun tableau, aucune peinture, aucun tracé ne sort de l’atelier. Tous sont classés par personne ; chacun a son carton ; tous sont datés, numérotés mais aucun ne sortira, et aucun ne sera vu par nul autre. Après tout c’est pas mal, c’est une des conditions de notre liberté.“(1)
Les séances
Lors de chaque séance à l’atelier règne une activité continue. Libre, chaque personne dispose du matériel commun, et peint sur l’espace de sa feuille qui lui est réservé. Une séance compte jusqu’à 12 personnes, quel que soit leur âge (enfant, jeune ou adulte). Le matériel utilisé en commun se trouve au centre de la pièce, sur le table-palette; y sont disposées 18 couleurs avec leurs pinceaux.
D’autres couleurs sont aussi disponibles, ou préparées à la demande, sur l’étagère des mélanges. Ce fonctionnement permet de conserver les couleurs de la table, et d’en créer d’autres à côté. Ce lieu se caractérise par sa permanence : d’une séance à l’autre on le retrouve, inchangé, tel qu’on l’avait laissé. Cela permet notamment de ne pas être distrait par la recherche du matériel, ce qui conduit à une plus grande liberté : parce que l’utilisation du matériel est simple, on peut se consacrer entièrement à son dessin.
L’espace de la feuille
La feuille est fixée au mur par des punaises : le format du dessin peut s’agrandir pour s’adapter au besoin. On peut rallonger une feuille, et mettre autant de feuilles que l’on souhaite, c’est illimité. Ce qui compte, c’est que le dessin ne soit pas limité, ni dans un sens, ni dans l’autre. Cette possibilité – celle de faire des grands formats – n’est en aucun cas un exemple : le dessin peut rester sur une seule page et cela dépend de l’individu.
L’atelier est ce lieu où l’on redécouvre l’acte adapté à son besoin, et non pas calqué sur un quelconque modèle. Le “besoin“ s’exprime aussi de manière plus précise, au fil du temps, et l’on vient à l’atelier comme on retrouve un lieu intime, un lieu à soi que l’on partage avec d’autres. La découverte – elle aussi illimitée – peut alors commencer.
Le non – regard
Pendant la séance, on peut parler de beaucoup de choses, de ce que l’on veut et souvent des discussions s’engagent. Mais jamais on ne commente les dessins. Pour qui découvre l’atelier, passé l’instant de surprise, c’est un grand soulagement. Enfin un endroit où l’on peut laisser libre cours à son dessin, à l’acte de tracer sans qu’il soit entravé, sans que quiconque intervienne ou ne pose dessus une appréciation. L’enfant, l’adulte à nouveau affranchi des contraintes extérieures et arbitraires, peut laisser s’écouler librement les tracés qui émergent, les laisser se développer et mûrir. Alors au fil du temps, quelque chose en lui se fortifie, croît, naturellement. C’est l’être tout entier qui éclot. A cela point de spectateurs. Le responsable de l’atelier, celui qui conduit la séance et s’occupe de chacun en est le seul témoin.
1) Extrait de la conférence intitulée: “Peindre dans un atelier d’expression, une pratique du Non-Faire“, de Régis Soavi.
L’atelier de peinture expression vous accueil à Paris 20e.